COLETTE MILNER, MY MOTHER - INTERNATIONAL DANCE TEACHER - ACTRESS
Colette Milner a rejoint les étoiles en 2021.
Un immense professeur, une des rares au monde à fédérer des dizaines d'élèves garçons dans ses classes, à former des jeunes qui passaient directement de son conservatoire de La Rochelle aux plus célèbres chorégraphes comme Maurice Béjart ou Mats Ek, pour ne parler que de ces deux-là... .
Elle avait écrit " La leçon de DANSE", avec le mot Danse en majuscules. La danse était toute sa vie.
Adoptée à l'âge de 6 ans pendant la seconde guerre mondiale, elle ne connaitra jamais ses parents biologiques, une mère espagnole et un père français, disparus dans les sombres années espagnoles du Franquisme.
Ses parents adoptifs, ingénieur et pianiste concertiste, étaient des grands résistants, décorés de croix de guerre et autre reconnaissances nationales et Américaine.
Ils lui donnèrent une éducation et une culture solides pour l'aider à survivre à son passé douloureux.
Régulièrement, je lui achetais son billet d'avion pour qu'elle assiste à mes spectacles à Bruxelles, Paris au Japon ou en Union Soviétique. Un pays qu'elle connaissait bien puisque jeune professeur, elle avait été choisie pour accompagner Serge Golovine à l'Ecole Vaganova de Leningrad ( St Petersbourg). Elle y avait tant appris !
Toute jeune c'est Stella Milner qui l'avait formée à Paris. Cette femme était l'assistante de Mme Egorova, célèbre danseuse russe de l'époque des tsars de Russie.
Dans les classes de Pas-de-deux de Stella Milner, il y avait un jeune homme sans le sou, comme Colette. Leur professeur les avaient pris sous son aile et ils ne payaient pas ... il s'appelait Maurice Berger ... il venait de Marseille ... il prendra le patronyme de Béjart quelques années plus tard.
Vous l'ignorez peut-être mais c'est à Colette que le Ministère de la Culture française avait demandé conseils pour l'élaboration du DE et du CA ( diplômes de professeurs de danse ).
Plus tard il la reconnaitront "Chevalier des Arts et des Lettres".
Elle amenait souvent son chien dans ses classes et se moquait des nomenclatures et autres appellations techniques.
L'important, disait-elle, était que les élèves comprennent ce qu'il dansent !
D'ailleurs, quand un élève avait du talent pour autre chose que la danse, elle n'hésitait pas à lui dire et à l'aider.
C'est ainsi qu'elle a préparé Bernard Giraudeau au Conservatoire de théâtre. Oui, je parle bien du célèbre acteur français.
Elle repose aux côtés de ses parents adoptifs dans le petit cimetière de Nuaillé d'Aunis-France.
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Dans un bus de tournée internationale avec le Ballet du XXème siècle |
MY GRAND PARENTS, DANCE & THE WORLD WARS OF THE 20TH CENTURY
Pour moi, Marthe Toussaint c'était ma Mémé, ma deuxième maman pendant mes premières années de vie car ma mère Colette Milner quand elle ne dansait pas, partait en tournée dans toute la France en tant que comédienne.
Deux décennies plus tôt, pendant la seconde guerre mondiale, ma grand-mère c’était un important agent de liaison pour la résistance française.
Elle fut citée à l'ordre de la division, obtint la croix de guerre avec étoile d'argent. Les commandements américains lui écrivirent une lettre pour la remercier des services rendus.
Elle habitait à Nuaillé d'Aunis, à 20 km de la fameuse poche de La Rochelle où se trouvait le plus important centre de sous-marins "UBoote" de l'armée allemande.
Les allemands avaient inondé les marais qui séparaient Nuaillé d'Aunis et l'arrière pays ( le marais poitevin ). Il était alors impossible de passer par ces marais pour atteindre La Rochelle.
Sauf, pour quelques locaux qui connaissaient les marais comme leur poche ... ce qui était le cas de ma grand-mère...
Elle récupérait les parachutistes alliés qui tombaient dans les marais et les ramenaient à la maison. Une fois remis de leurs émotions, ils repartaient. Parfois, ils avaient besoin de soin médicaux et c'est mon arrière-grand-père ( le père du mari de ma grand-mère ) qui s'en occupait car il était médecin.
Elle manqua à plusieurs reprises de se faire arrêter mais fut sauvée par son chien; le fidèle animal l'accompagnait dans les marais lorsqu'elle sortait la nuit... parce qu'il fallait aussi récupérer les messages de la résistance...
Avant la guerre, Marthe Toussaint était pianiste concertiste et danseuse.
Elle avait été élève de Stravinsky, Berlioz et de Ravel entres autres, lorsqu'elle étudiait à la Scuola Cantorum à Paris.
C'est là-bas que, pour gagner sa vie, elle jouait et dansait dans les cabarets parisiens. C'est aussi là-bas qu'elle rencontra son futur mari, Geroges Emile Hurtaud, le fils du fameux médecin qui l'épaulera plus tard dans ses actes de résistance.
Parce que son mari était aussi résistant, ils passèrent toute la guerre séparés.
Lui, qui était pilote d'avion et parlait couramment 5 langues, avait pris le maquis dans le centre de la France en tant que traducteur.
Pendant cette terrible guerre, le grand-père médecin découvrit sur le bord de la route la petite orpheline blonde aux yeux verts, âgée de 6 ans, ... qui allait devenir ma maman !
Marthe et son mari ne pouvaient pas avoir d'enfant.
C'est ainsi que Colette Hurtaud (Milner) fut adoptée par eux et sauvée d'une mort certaine car elle avait la tuberculose.
Ce n'est qu'après la guerre que Colette rencontra ses parents adoptifs.
Sur les conseils du docteur, ils la mirent à la danse pour soigner son rachitisme ...
Ma grand-mère Marthe ne put reprendre sa carrière de concertiste et devint professeur de musique et de danse à La Rochelle. Pour ceux qui connaissent, son studio était rue Gambetta.
Elle enseigna les deux disciplines pendant de nombreuses années, même lorsque que Colette sa fille adoptive créa le Conservatoire de danse de La Rochelle, avec la carrière que l’on connaît.
Lorsque j'étais enfant, mon grand-père ne parlait jamais de la guerre et de ses actes de bravoure dans la résistance. Ma grand-mère par contre me racontait en détails ses sorties nocturnes dans le marais, les aviateurs américains cachés sous la toiture lors d'une descente allemande dans la maison, les jeunes soldats allemands morts dans les bras du grand-père médecin ... parce qu'il soignait indifféremment les uns et les autres ... le serment d'Hippocrate chevillé au corps.
Il faut dire qu'en tant que jeune médecin, il avait déjà fait l'autre guerre dans les tranchées ... la première mondiale ...
Et reçut la légion d'honneur des mains de Georges Clémenceau pour son engagement en tant que chirurgien.
Aujourd'hui, en cette période trouble où la guerre a atteint le continent européen et où nous commémorons le 80' anniversaire de la libération, j'avais envie de vous raconter cette histoire où la Danse et la guerre ont généré des êtres sensibles, pleins de conviction et de sens de l'honneur, risquant leurs vies pour sauver celles des autres.
Comment aussi après un tel traumatisme, la Danse les a sauvés, leur a donné la lumière pour avancer et se reconstruire.
Mes grands-parents résistants pendant la seconde guerre mondiale
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Le médecin, grand-père adoptif de ma mère
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