Histoires de créations, rencontres, souvenirs, anecdotes avec Maurice Béjart ou bien d'autres fabuleuses personnes ! 

Stories of creations, encounters, memories and anecdotes with Maurice Béjart and many other fabulous people!

 


Fin d'année 1974, je viens tout juste d'avoir 18 ans.
Maurice crée pour moi ce rôle de "l'enfant de l'amour" dans "Ce que l'amour me dit".
Avec Luciana Savignano et Jorge Donn Première à Monte Carlo.
Un cadeau extraordinaire pour mon début de carrière dans le Ballet du XXième siècle, commencée en septembre 1974. 
Merci Maurice ! 

At the end of 1974, I had just turned 18.
Maurice created the role of "love's child" for me in "Ce que l'amour me dit".
With Luciana Savignano and Jorge Donn Premiere in Monte Carlo.
An extraordinary gift for the start of my career with the Ballet du XXième siècle, which began in September 1974.
Thank you, Maurice! 

 

 


Quelques jours après la date anniversaire de Maurice ( né le 1er janvier 1927 ), je repense à cette création improvisée sur le toit terrasse d'un hôtel à Athènes, et sa vue imprenable sur le Parthenon ! 

Nous finissions la dernière tournée de la saison avec le Ballet du XXième siècle.
Là, sur le toit, Maurice me règlait une introduction pour le magnifique "solo du feu" de la "Messe pour le temps futur". 

Quelques jours plus tard, je m'envolais pour Tokyo, invité par Tadatsugu Sasaki au World Ballet Festival au Japon, pour danser différents célèbres solos béjartiens créés pour moi.
Dans son perpétuel soucis artistique, Maurice tenait, avec ces introductions et transitions nouvelles, à faire de ces solos des oeuvres à part entière. 

Je regarde ce Tenogi du début des années 80 ( en photo ci-joint) imprimé des noms de tous les merveilleux danseurs étoiles de ce festival extra-ordinaire.
Quels souvenirs inoubliables d'avoir partagé la scène avec :
- Mesdemoiselles Monique Loudières, Noella Pontois, Eva Evdokimova, Lynn Charles, Dominique Khalfouni, S. Gefferies, Joyce Cuoco, Alessandra Ferri, Marcia Haydée, Yoko Ichino, Carla Fracci
- et Messieurs Ivan Liska, Fernando Bujones, O. Arslan, David Nixon, Patrick Dupont, P. Breuer, C. Jung, Denis Ganio, L. Benjamin, Peter Schaufuss, R. Price, Richard Cragun, G. Iancu et Jorge Donn.

Sous la direction orchestrale de Michel Queval de l'Opéra de Paris, un chef d'orchestre particulièrement attentif et complice avec tous les danseurs ! 

A few days after Maurice's birthday (born on 1 January 1927), I think back to that improvised creation on the roof terrace of a hotel in Athens, with its breathtaking view of the Parthenon! 

We were finishing the last tour of the season with the Ballet du XXième siècle.
There, on the roof, Maurice set me an introduction for the magnificent 'fire solo' from the 'Mass for Future Time'. 

A few days later, I flew to Tokyo, invited by Tadatsugu Sasaki to the World Ballet Festival in Japan, to dance several famous Béjartian solos created for me.
In his perpetual artistic concern, Maurice was keen, with these new introductions and transitions, to make these solos works in their own right. 

I'm looking at this Tenogi from the early 80s (pictured here) printed with the names of all the wonderful star dancers of this extra-ordinary festival.
What unforgettable memories of sharing the stage with :
- Mesdemoiselles Monique Loudières, Noella Pontois, Eva Evdokimova, Lynn Charles, Dominique Khalfouni, S. Gefferies, Joyce Cuoco, Alessandra Ferri, Marcia Haydée, Yoko Ichino, Carla Fracci
- and Messieurs Ivan Liska, Fernando Bujones, O. Arslan, David Nixon, Patrick Dupont, P. Breuer, C. Jung, Denis Ganio, L. Benjamin, Peter Schaufuss, R. Price, Richard Cragun, G. Iancu and Jorge Donn. 

Under the orchestral direction of Michel Queval of the Paris Opera, a conductor who is particularly attentive to the dancers and their complicity!

Under the orchestral direction of Michel Queval of the Paris Opera, a conductor who is particularly attentive to the dancers and their complicity!

 







Au début des années 90, en commun accord avec Maurice Béjart, nous avons décidé que tout en continuant à danser comme soliste dans sa compagnie à Lausanne, je travaillerai aussi comme répétiteur. 

L'interview de ce journaliste résume tout à fait ce que cette fonction a pu représenter pour moi à ce moment de ma carrière, commencée à l'âge de 17 ans en 1974 à Bruxelles au Ballet du XXème siècle.
Et voilà qu'apparait au détour d'un carton d'archive ce petit mot de Maurice écrit à cette même période : 

" Michel, ce petit en-cas nutritionel ... MIAM MIAM, avec beaucoup d'amour. Merci et surtout Bravo pour le travail que tu fais". 

 

In the early 90s, by mutual agreement with Maurice Béjart, we decided that while I would continue to dance as a soloist in his company in Lausanne, I would also work as a répétiteur. 

This journalist's interview sums up exactly what this role meant to me at this point in my career, which began at the age of 17 in 1974 in Brussels with the Ballet du XXème siècle.
And here, in the corner of an archive card, appears this little note from Maurice written at the same time: 

‘Michel, this little nutritional snack ... MIAM MIAM, with lots of love. Thank you and above all Bravo for the work you do’.

     








" Petrouchka ", chorégraphie de Maurice Béjart. En 1977, la création mondiale " Petrouchka " sur la musique d'Igor Stravinsky, me permit de rencontrer Vladimir Vasiliev, le magnifique danseur et artiste du Théâtre du Bolchoï de Moscou.
Ce fabuleux danseur, que Maurice invitait pour cette création au Ballet du XXième siècle, j’avais eu la chance de le voir danser Don Quichotte à l'Opéra de Paris quelques années plus tôt pour l’anniversaire de mes 15 ans.
Il m’avait énormément bouleversé tant artistiquement que techniquement.
Merci maman de m'avoir offert ce cadeau ! 

Avant d’être danseur, Volodia (Vassiliev) avait été champion de boxe en Union Soviétique.
Il était très physique et parvenait à faire des figures acrobatiques incroyables.
A chaque fin de classe avec nous à Bruxelles et à Naples (Maurice l'avait fait fait venir pendant cette tournée pour régler le solo du 4' acte), il nous montrait et expliquait ces virtuosités techniques.
Cette générosité et cette empathie étaient à l’image de son talent : immense ! 

Quelques mois plus tard, alors que nous étions à Berlin pendant la tournée « Mahler », Maurice me fit venir dans sa loge pour me demander d'apprendre le rôle de Petrouchka.
La première devait avoir lieu avec orchestre à Buenos Aires au Théâtre Colon deux semaines plus tard seulement ! 

Pour info, le programme de Mahler que nous dansions à Berlin inaugurait le tout nouveau centre artistique construit pour Herbert Von Karajan et le célèbre Berliner Philharmonic Orchestra.
Pendant les quinze jours qui suivirent, je travaillais seul tous les matins, avec la vidéo, dans la toute nouvelle salle de concert berlinoise.
Comme j’avais suivi chaque moment de la création et tout particulièrement le travail complice entre Maurice et Volodia, je retenais très vite toute la chorégraphie.
Mais fallait-il encore pouvoir la danser ! 

Lorsque nous sommes arrivés à Buenos Aires, je suis allé assister le soir même à la répétition d'orchestre.
Je pu longuement communiquer, partitions en main, avec le Chef d'orchestre et mettre au point certains détails.
Notamment sur les respirations, les rythmes et les "levés" pour que nous puissions le lendemain être à l'unisson. 

Maurice me vit pour la première fois dans le rôle de Petrouchka à la générale le jour de la première, un Samedi…
Je mesure aujourd’hui la confiance qu’il me portait alors que je n’avais que 21 ans !
Ce Samedi soir là, avant le lever de rideau, le directeur technique du théâtre Colon vint à moi.
Il me prit les mains et me donna un vieux clou arraché au plancher de la scène. Tradition très ancienne dans les Opéras...
Ce clou tout tordu, je l’ai encore aujourd'hui dans ma vieille boîte de maquillage. 

La soirée fut un grand succès.
À la fin des saluts, un danseur du corps de ballet (dont je tairais le nom) est venu me voir en me disant : " Maintenant plus jamais nous ne t'appellerons comme ça !!! "...
Puisqu’il y a prescription, sachez que depuis la création de « Ce que l'Amour me dit » ( j’avais 18 ans je venais juste d’intégrer la compagnie), ces personnes avaient décidé de m'appeler : « L'enculé de la fin ! »...
Cette interprétation déviante de la pose finale du pas-de-trois du merveilleux rôle de l’enfant de l’amour que Maurice m’avait offert, en dit long sur l’étendue de la culture et la jalousie maladive de certains de ces danseurs… Tout un programme … qui représente parfaitement le harcèlement physique et verbal qu'un groupe peut infliger à un nouveau venu …
Nouveau venu de 17 ans qui est choisi par Maurice pour danser avec Donn ... ceci expliquant probablement cela ... 

Marqué à jamais par cette violence gratuite qui durera 4 ans, je passerai le reste de ma carrière de danseur à nouer la plupart de mes amitiés en dehors de la danse et toute ma carrière de directeur à combattre le harcèlement sous toutes ses formes.
Une tâche toujours plus difficile avec ce monde où vouloir à tout prix être « celui qui danse le rôle » peut amener des professionnels, des élèves ou des parents d’élèves à créer de la calomnie pour arriver à leurs fins! Mais c’est un autre sujet… 

Le soir de la première à Buenos Aire, Maurice nous invita Philippe Lizon (qui dansait sa première de l’Elu du Sacre du printemps) et moi-même à manger en ville.
Il nous amena dans une goguette centenaire de la Boca pour un dîner Tango mémorable (La Boca est le célèbre quartier de la capitale ou le Tango est né).
Les musiciens avaient l'air d'avoir l'âge du lieu avec un sens musical extraordinaire.
Pendant ce dîner, il nous annonça à tous les deux que nous allions danser nos rôles respectifs le lendemain, matinée - soirée, ainsi qu’au cours de toutes les prochaines tournées ( Brésil, Mexique, Italie, Angleterre, Etats-Unis, France, …). 

Quelle responsabilité que de passer après Vassiliev à seulement 21 ans, et surtout quel honneur de recevoir encore une fois la confiance de Maurice dans une oeuvre aussi magistrale.
Je sais aujourd’hui que Petrouchka a été le ballet de Maurice Béjart le plus important dans mon évolution artistique et technique.
Alors merci Volodia, merci Maurice et bien sûr un infini merci à Igor Stravinsky pour sa sublime musique qui nous a tous portés et transportés !  

 



 

 

 


Dans les archives de la Maison Béjart Huis à Bruxelles, je viens de retrouver cette photo. Création de Maurice Béjart « Andre Malraux ou la métamorphose des dieux « 

Essayage des costumes à Milan dans les ateliers de couture de la maison Versace. Pour le rôle du « Dyable », l’une des 5 allégories représentant André Malraux.

 Inutile de vous présenter Maurice Béjart à ma droite et Gianni Versace à ma gauche ! 

 

I have just found this photo in the archives of the Maison Béjart Huis in Brussels. Maurice Béjart's creation ‘Andre Malraux ou la métamorphose des dieux’. 

Costume fitting in Milan at the Versace sewing workshops. For the role of the ‘Dyable’, one of the 5 allegories representing André Malraux.

 I don't need to introduce Maurice Béjart on my right and Gianni Versace on my left!

 

 

 

 

A chaque fois que nous étions ensemble à Kyoto, Maurice m’emmenait dans ces jardins qu’il aimait tant. Puis nous assistions à la cérémonie du thé… 

Whenever we were in Kyoto together, Maurice took me to the gardens that he loved so much. Then we would attend the tea ceremony… 

 

 


La première de « Dionysos » avec le Ballet du XXieme siècle a eu lieu à Milan, dans un Palais des sports.
Maurice aimait investir toutes sortes de lieux pour ses créations, dans l’esprit d’ouvrir son art chorégraphique au plus grand nombre.
La salle était pleine. 5000 personnes. Il faisait chaud, très chaud.
J’aime la chaleur mais là, je dois avouer que j’ai manqué de m’évanouir à la fin du spectacle tant la conjugaison des températures et de l’effort physique pour ce rôle de Dionysos étaient intenses. 

En relisant le très beau programme édité pour cette création, j’entends Maurice me parler du ballet qui germe dans son esprit.
Les soirées entières à table avec lui dans l’intimité de son appartement bruxellois où il m’explique ses visions et le rôle fabuleux que nous allons créer ensemble.
Certaines de ses phrases résonnent encore si puissamment aujourd’hui.
N’est-ce pas le rôle du créateur que de projeter sa vision vers l’avenir ? 

« Dionysos, Dieu de la danse, de la poésie, du théâtre. Dionysos, mort démembré par les titans et ressuscité, Christ avant le Christ, immortel, transcendant. Dieu d’amour et du don total de soi, Sparagmos ». 

Il faut dire que cette création avait réuni quatre monstres sacrés du XXème siècle : aux côtés de Maurice, Manos Hadjidakis le compositeur grec, Tadanori Yokoo le peintre des puissantes fresques du décor, et Gianni Versace pour la création des costumes. 

Je revois encore Gianni coudre sur moi le pantalon rouge de Dionysos, avec cette dextérité et cette créativité si proches de ce que je vivais en studio avec Maurice. 

Mais c’est en Grèce, dans le fabuleux théâtre antique d’Epidavros, que j’ai vécu une véritable expérience mystique !
Le lieu était si puissant, l’oeuvre de Maurice tellement à sa place, que quelque chose de bien plus grand que nous tous envahissait la scène et l’espace.
J’obtins l’autorisation exceptionnelle de rester seul toute la nuit sur le site et je dormis sur la scène dans un sac de couchage !
Au petit matin après quelques heures de sommeil, je ressentis que ce lieu sacré m’avait accepté et qu'il allait me laisser aborder cette incarnation. 

 

The premiere of ‘Dionysos’ with the Ballet du XXieme siècle took place in Milan, in a Palais des Sports.
Maurice liked to use all kinds of venues for his creations, in the spirit of opening up his choreographic art to as many people as possible.
The hall was full - 5,000 people. It was hot, very hot.
I love the heat, but in this case I have to admit that I nearly fainted at the end of the show, such was the intensity of the combination of temperatures and physical effort required for the role of Dionysus. 

As I reread the beautiful programme published for this creation, I can hear Maurice talking to me about the ballet that is taking shape in his mind.
The whole evenings at the table with him in the privacy of his Brussels flat where he explained his visions and the fabulous role we were going to create together.
Some of his words still resonate so powerfully today.
Isn't it the role of the creator to project his vision into the future? 

‘Dionysus, god of dance, poetry and theatre. Dionysus, dead dismembered by the titans and resurrected, Christ before Christ, immortal, transcendent. God of love and total self-giving, Sparagmos’. 

It has to be said that this creation brought together four sacred monsters of the 20th century: alongside Maurice, Manos Hadjidakis, the Greek composer, Tadanori Yokoo, the painter of the powerful frescoes on the set, and Gianni Versace, who designed the costumes. 

I can still see Gianni sewing Dionysus's red trousers on me, with a dexterity and creativity so close to what I experienced in the studio with Maurice. 

But it was in Greece, in the fabulous ancient theatre of Epidavros, that I had a truly mystical experience!
The place was so powerful, Maurice's work so much in its place, that something much greater than all of us invaded the stage and the space.
I obtained exceptional permission to stay on the site alone all night and slept on the stage in a sleeping bag!
Early in the morning, after a few hours' sleep, I felt that this sacred place had accepted me and was going to let me enter this incarnation.



 






On m'a récemment donné cette image où je fais travailler le célèbre danseur étoile de l'Opéra de Paris Nicolas Le Riche dans le rôle de l'Élu du "Sacre du printemps" de Maurice Béjart. 

Maurice m'a tant demandé de remonter ses ballets à l'Opéra de Paris mais aussi à La Scala de Milan, au Tokyo Ballet, à l'Opéra Royal de Stockholm, au Real de Madrid, pour les Ballets de Monte Carlo, au Ballet National de Chine, .... et bien sûr pour le Béjart Ballet Lausanne. 

Au delà des pas et de la technique, le plus précieux pour moi a toujours été de transmettre ses mots, ses images, son esprit créatif, l'origine de son imaginaire tels qu'ils me les avaient offerts depuis l'âge de 16 ans. 

Tout ce qui continue de résonner en moi dès que je croise les pages musicales, picturales ou littéraires des oeuvres que nous avons partagées.

 

I was recently given this image of the famous Paris Opera prima ballerina Nicolas Le Riche in the role of the Chosen One in Maurice Béjart's 'Rite of Spring'. 

I was recently given this image of the famous Paris Opera prima ballerina Nicolas Le Riche in the role of the Chosen One in Maurice Béjart's 'Rite of Spring'. 

Maurice asked me so many times to remount his ballets at the Paris Opéra, but also at La Scala in Milan, the Tokyo Ballet, the Royal Opera of Stockholm, the Real de Madrid, for the Ballets de Monte Carlo, the National Ballet of China, .... and of course for the Béjart Ballet Lausanne. 

Beyond the steps and the technique, the most precious thing for me has always been to pass on his words, his images, his creative spirit, the origin of his imagination as he had offered them to me since the age of 16.

Everything that continues to resonate within me whenever I come across the musical, pictorial or literary pages of the works we have shared. 

 




 
Philippe, il m’a fallu du temps pour t’écrire. Ton grand départ m’a beaucoup affecté.
Probablement trop de souvenirs et de complicités liés à notre adolescence et à nos carrières.
Je n’oublie pas le magnifique moment passé à te regarder enseigner à Rudra le « Tango » que tu affectionnais tant et la création du « Cercle » au Béjart Ballet Lausanne que nous avons tous dansé avec émotion.
Nous sommes entrés ensemble la même année au Ballet du XXème Siècle en septembre 1974.
Toi issu du Conservatoire de Bruxelles, des classes de Madame Dolores Laga et moi de Mudra 

Nous prenions régulièrement ensemble les cours avec ce magnifique professeur le soir après les journées de répétitions de la compagnie.
C’est ainsi que tu me fis inviter par elle pour des spectacles à Ibiza.
Là j’y ai rencontré 4 amis sincères.
Il se trouve Philippe que je vais rencontrer ce dimanche Rosé V. le seul des 4 compères encore vivant…
Je me souviens avec beaucoup d’émotions qu’un samedi soir au Théâtre Colon de Buenos Aires nous avons dansé chacun pour la première fois un rôle sublime. Rôle qui fût probablement l’apothéose de nos carrières. Toi, ta première du rôle de l’élu dans le Sacre du Printemps. Rôle mythique qui te tenait tellement à cœur de danser et moi le rôle de Petrouchka dans le ballet éponyme que je reprenais après la création de Vladimir Valsiliev retourné au Théâtre du Bolchoï.
S’en est suivi un dîner extraordinaire tous les deux avec Maurice dans une gargote de la Bocca entouré de vieux musiciens talentueux.
Ne serait-ce pas cette nuit-là que serait née ta passion pour cette danse forte et sensuelle ?
Enfin je me remémore ces nuits de chambrée pendant les tournées où nous nous affrontions, dans des joutes de directions d’orchestre, en dirigeant chacun notre tour des symphonies de Schubert face à des orchestres imaginaires ;-))) 

Dans ton passage beaucoup trop court dans notre dimension, je n’oublie pas de te remercier de l’aide altruiste que tu apportas à Hugues Le Bars en lui achetant au début de la création du « Concours » le matériel technique indispensable à l’aboutissement musicale de la commande du magicien MB
Merci Philippe.
Bon voyage 

 

Philippe, it's taken me a long time to write to you. Your great departure has affected me greatly.
Probably too many memories and friendships from our teenage years and our careers.
I can't forget the wonderful time I spent watching you teach Rudra the "Tango" that you loved so much, and the creation of "Cercle" at the Béjart Ballet Lausanne, which we all danced with great emotion.
We joined the Ballet du XXème Siècle together in September 1974.
You came from the Brussels Conservatoire, from Madame Dolores Laga's classes, and I from Mudra. 

We regularly took classes together with this magnificent teacher in the evenings after the company's rehearsal days.
That's how she got me invited to perform in Ibiza.
There I met 4 sincere friends.
It just so happens, Philippe, that this Sunday I'm going to meet Rosé V., the only one of the 4 friends still alive...
I remember with great emotion that one Saturday evening at the Colon Theatre in Buenos Aires we each danced a sublime role for the first time. A role that was probably the apotheosis of our careers. You, your first performance of the role of the chosen one in The Rite of Spring. A mythical role that you were so keen to dance, and I the role of Petrouchka in the ballet of the same name, which I took over after Vladimir Valsiliev returned to the Bolshoi Theatre.

This was followed by an extraordinary dinner for the two of us with Maurice in a gargote in La Bocca, surrounded by old musicians. Wasn't it that night that your passion for this strong, sensual dance was born? Finally, I remember those nights in the dressing room during the tours when we took turns conducting Schubert symphonies against imaginary orchestras ;-)))) 

In your far too short time in our dimension, I must not forget to thank you for the altruistic help you gave Hugues Le Bars by buying him, at the start of the creation of the "Concours", the technical equipment essential to the musical success of the MB magician's commission.
Thank you Philippe.
Bon voyage